Chambre d' Ahàron

Kia'? Est-ce que tu peux mettre cette chambre sous le nom d'Ahàron?

^^





Télépathie...Télépathie...


;)

Je m'arrêtais devant sa chambre en regardant mes pieds. Je ne savais pas quoi dire.

<< Eh bien...marmottais-je. Bonne nuit... >>

Il sourit.

<< Merci, mais mes nuits n'ont rien d'extraordinaire...
-Je te...rejoindrais bien à la bibliothèque...fis-je. Mais j'ai sommeil.
-Alors dors bien...Lup Mic. Et...rêve bien. >>

Je détournais le regard.

<< Je préfère ne pas rêver... >>

Puis je regardais mes vêtements et les siens.

<< Enfin...Nous avons tous deux bien besoin d'une douche! Riais-je. >>

Il ouvrit la porte de sa chambre que j’aperçus.

Elle était plus petite que la mienne, circulaire, avec des murs de pierre chaleureux, un lit, un bureau et une entrée menant à sa salle de bain.
C'est fou comme tout cela paraissait vide. Son lit était impécablement fait, avec toujours la petite lettre de bienvenue posée entre les deux coussins.

Je pariais qu'il n'avait jamais utilisé sa couchette. Je cherchais du regard des vêtements posés en boule sur le sol, où quelque chose montrant qu'il y avait de la vie dans cette pièce. Mais rien. Seulement une petite valise posée dans le coin, ses habilles dedans.
Tout était impécable, on aurait dit qu'un fantôme y vivait. Comme si...comme si...

Ma chambre, aux Terres Brunes, dans le grenier, était exactement pareille.
Bien plus petite, certes. Bien moins jolie.
Mais...sans vie aussi. Comme si je savais que je partirai. Comme si je ne me sentais pas chez moi. Comme si je n'allais pas rester longtemps.

Était-ce le cas d'Ahàron? Allait-il bientôt s'en aller?
Je reculais, et le séduisant jeune homme me regarda.

<< Châan? S'enquit-il. Tu...ça va?
-Bonne nuit, dis-je en m'en allant. >>

La façon dont tout était agencé était troublante.
Aurais-je peur qu'il ne s'en aille?
Bien sur que non, il n'était qu'un simple camarade pour moi.

Je retournais à ma chambre, pris une douche puis m'endormit.

Le voeu d'Ahàron s'exauça...Je ne fis pas de cauchemar cette nuit.
Pas de rêve, certes, mais pour la première fois mon sommeil se fit sans tâche...

Le tonnerre s'était tut, et désormais des flocons étincelants venaient recouvrir les toits. Au plus loin que je m'en souvienne, j'avais toujours haït la neige.
ça y est, nous étions en hiver...

J'entrais dans la chambre d'Ahàron, les cheveux dégoulinant, le visage blême et recouvert du sang d'Eben. Lorsque je sautais de la fenêtre, je me dirigeais vers le lit et m'y écroulais. Je n'aimais pas cette chambre. Elle n'avait pas de vie. Le lit était impécablement fait, et un filet de poussière s'y étalait désormais.

J'aurais aimé qu'Ahàron soit là, mais je m'endormis petit-à-petit.

Lorsque je m'éveillais, les membres engourdis, Ahàron était assis sur le fauteuil rembourré, m'observant d'un air inquiet. Quand il vit que je sortais du sommeil, il se précipita vers moi et me prit le visage entre ses mains. Je m’enivrai de son odeur, toujours aussi somptueuse.

<< Lup Mic...Lup Mic...murmura-t-il. Que t'est-il arrivé? >>

Repensant alors au cadavre mou et déchiqueté d'Eben, je fondis en sanglot en enfouissant mon visage dans le pull bleu marine de mon précieux ami.
Ahàron me serra bien fort contre lui, ses deux paumes enserrant ma taille, laissant des traînées brûlantes sur ma peau.

Après de longues minutes de pleurs, je lui racontais tout.

<< Tu as besoin d'un bon bain, Lup Mic...
-Oui, reniflais-je. >>

Je me levais, appuyée sur Ahàron, et me dirigeais vers la porte.

<< Ahàron...fis-je avant de partir. Je sors avec Nup... >>

Mon ami fronça les sourcils mais ne pipa mot.

<< Très bien.
-Je sais...soupirais-je. Tu ne l'aime pas. Il m'a blessée à maintes reprises...Mais je l'aime vraiment. >>

Il recula, comme piqué.

<< Soit. Mais s'il te fait le moindre mal, je le tuerais. Je te le jure. >>

Je souris.

<< Tu es formidable, Ahàron.
-Tu me l'as déjà dit.
-Oui, mais j'étais bourrée. A tout-à-l'heure. >>

Je me dressais sur la pointe des pieds et claquais un baiser sur sa joue.

<< J'ai vu Than, aujourd'hui, fis-je comme si de rien n'était. >>

J'étais allongée sur le torse d'Ahàron, alliant ma respiration à son souffle régulier, et je regardais les étoiles à travers la fenêtre de sa chambre.

<< Et? S'enquit-il, caressant mes cheveux noirs.
-Eh bien...poursuivis-je en me tournant sur le ventre, lui faisant face. >>

Je l'embrassai du bout des lèvres un instant, puis le fixai du regard.

<< Tu promets de pas péter un câble?
-Moi?! S'esclaffa le jeune homme. Je suis d'un calme olympien, voyons.
-C'est pour ça que je t'aime, souris-je.
-Bon, alors? Fit-il en fronçant les sourcils.
-Eh bien... >>

Je me mordillai la lèvre.

<< Je pars demain, lâchais-je d'un souffle. >>

Le visage d'Ahàron se durcit, et il manqua de s'étouffer.

<< Et où comptes-tu aller, petite? >>

Il me scrutais du regard, et je sentis que son corps s'était glacé. Je soupirais en jouant avec ses cheveux.

<< J'étais sure que tu le prendrais mal! M'exclamais-je. Je te rappelle que c'est les vacances. >>

Ahàron pouffa, mais je sentis que ce n'était pas vraiment un rire sincère. Plutôt amer. Oui, c'est ça.

<< Les vacances! Non mais je rêve...grogna-t-il en secouant la tête. Tu as tout d'une touriste, c'est sur. Tu pars en camping? Ah non! C'est ça, tu as réservé un joli p'tit chalet! >>

Je me cambrai en m'éloignant légèrement, et le fusillai du regard.

<< Je vais aux Terres Brunes, dis-je calmement.
-Ah! Oui, c'est ça, tu as réservé un joli p'tit chalet près de chez Fetrus, n'est-ce pas? Il sera ravi de te voir! Tu pêcheras le saumon avec Papa Modèle, hein? >>

Cette fois-ci, une colère sourde s'empara de moi, et je me dégageais de son torse, pour m'asseoir sur le fauteuil à côté de lui, le drap pour unique vêtement.

<< Je vais juste récupérer l'argent de Than! Criais-je, exaspérée.
-Et tu te feras joliment lyncher par les gentils petits habitants, me coupa-t-il froidement.
-Mais non! Je me ferais discrète.
-Idiote! S'exclama-t-il en se redressant. Tu crois vraiment qu'ils ne se douteront de rien? Tu leur as déjà fait le coup avec Thisbé! Ce ne sont pas non plus des abrutis, ils se méfieront!
-Je ne compte pas me déguiser. Je me cacherais, déglutis-je, comprenant qu'il avait quelque peu raison.
-Très bien, très bien! Fit-il en levant les bras. Alors je viendrais avec toi.
-Non, tranchais-je.
-Et pourquoi donc? Je ne risque rien. >>

C'est alors que je vis un éclat nouveau dans ses yeux, et me rendis compte qu'il me mentait. Mais en quoi? Qu'il ne risquait rien aux Terres Brunes? C'était vrai, pourtant...Il n'y avait jamais mis les pieds, non?

<< Je ne suis pas une gamine! M'exclamais-je en frappant du poing sa commode, faisant tomber la lampe de chevet. Tu n'as pas à me protéger, et tu n'as aucun droit sur moi! Pour qui te prends-tu?
-Pour ton petit ami, lâcha-t-il froidement.
-Eh bien laisse-moi, alors! Je reviendrais bientôt. >>

Je me levais, furieuse, et me rhabillais, lui tournant le dos. Je sentais aussi sa colère, filtrant à travers moi. Soudain, sa main se resserra brutalement sur mon poignée, et je poussais un petit cri de douleur.

<< Tu ne partiras pas sans moi, articula-t-il calmement.
-Lâche-moi, fis-je froidement, sans me retourner. >>

Mais il était difficile de ne pas se déconcentrer, quand je sentais son torse tout contre moi, et son souffle jouant dans ma nuque.

<< Cela ne fait à peine deux mois qu'on est ensemble, et...et...tu comptes partir? En terrain dangereux, en plus? Et tu crois que je vais te laisser...Lup Mic...je t'aime, je t'aime tant que je ne supporterais pas que tu partes. >>

J'aurais aimé lui hurlais que moi aussi, je l'aimais, mais j'avais trop d'estime. Je ne voulais pas lui laisser remporter cette petite victoire.

<< Lâche-moi, répétais-je. >>

Cette fois-ci, sa main se retira doucement, laissant de petits picotements sur ma peau à vif.

<< Si c'est ce que tu veux. >>

Il s'éloigna lentement jusqu'au lit, et je me retirais sans un regard. Il me manquerait, Ô oui...mais je reviendrais. Je revenais toujours.