Les Ecuries

Je m'écroulais sur le tas de paille du box, et Will eu tôt fait de me rejoindre, un sourire craquant sur les lèvres. Il était sur moi, ses cheveux en désordre, doux, les bras le long de mon corps.

<< Embrasse-moi, nigaud...pouffais-je. >>

J'attrapais une poignée de paille et lui balançait à la figure, parsemant ses cheveux sombres de brindilles. Il éternua en se mettant à rire, et me regarda avec le plus grand sérieux du monde.

<< Tu viens de faire une grosse, très grosse bêtise...me sermonna-t-il. >>

Il prit un gros paquet de paille et me les fourra dans le décolleté. J'entendis les coutures craquer, alors que les brins tombaient le long de ma robe. Le regard doux et gentil, il admira ma peau blanche et nue, traçant de ses doigts des contours frémissants de désir. Mes yeux revenaient sans cesse à sa bouche, si pleine et désirable.
Je me redressais, penchais ma tête vers lui, et nos nez se heurtèrent, avant que nous fondîmes en un long baiser.




Doit quitter l'ordi... ><'

Nous roulâmes sur les mottes de foin, nos souffles saccadés exprimant notre désir intense. Ses doigts s'enfonçaient dans ma nuque, s'accrochaient à mes cheveux, et je l'attirais à moi pour un baiser plus profond.
L'envie pétillait comme un sorbet dans mon bas-ventre, alors que mes mains descendaient le long de son cou jusqu'à la bosse de la clavicule. Lui-même glissa ses paumes chaudes entre mes seins, me faisant vibrer de plaisir.

<< Tu es si belle...murmura-t-il. >>

Mais je n'avais pas envie de parler. La vision des yeux d'Ahàron me restait en travers de la gorge, me rongeant de gêne et de honte. Je me forçais à lui sourire, mais c'était un sourire fragile. Je voulais son corps, pas ses paroles.

<< Quelque chose te tracasse...remarqua-t-il. Quand je t'embrasserais, tu seras absoute de toute culpabilité. Tu te sentiras merveilleusement bien. Et ensuite... il n'y aura que toi et moi. >>

Si seulement c'était aussi simplee... pensais-je.

Pourtant, Will était emplie de cette joie de vivre réconfortante, de cette aura douce et lumineuse qui me réchauffait. Son sourire s'élargit pour devenir fort et rayonnant. Avant même que je ne puisse l'embrasser, ses lèvres étaient déjà sur les miennes, chaudes et pleines.
Ses doigts glissèrent le long de mon torse, faisant passer ma robe par-dessus ma tête.
Tout en arrachant les boutons de sa chemise, j'embrassais chaque parcelle de son corps, de baisers furtifs et excitants.

Alors je m'abandonnais complètement à son étreinte, me retrouvant nue devant lui, écroulée dans la paille, lui titillant mes mamelons.

Ses gestes étaient doux et profonds, c'est ce que j'aimais le plus, alors que nous atteignions les portes du plaisir.

Mais alors que nos étreintes devenaient lourdes de chaleur, je compris que ce n'était pas lui, quoique je puisse penser, que je voulais sentir en moi.

Il n'y avait qu'un visage que je voulais embrasser jusqu'à l'âme.
C'était dans les bras d'un autre que je voulais me laisser dériver.

Demain, je changerais ma vie.

Une nouvelle année venait de commencer, j'avais tout comprit.
En une nuit, dans les bras d'un palefrenier que je ne connaissais à peine, j'avais eu une révélation.
Et le bonheur d'avoir enfin découvert ma raison de vivre m'emplissais d'une joie nouvelle. D'une joie que je n'avais jusqu'alors jamais connu.

Je m'écroulais sur la paille, riant à chaudes larmes, Will endormit à mes côtés. Et je riais, car je savais. Je savais qui j'aimais, je savais qui était celui pour lequel j'étais née.

Je fermais les yeux, imaginant des dunes de sable, d'un silence profond, d'un sérénité royale.

Et je m'endormis, heureuse.

Car je savais.

Quand je m'éveilla de ce sommeil paisible, et non peuplé de terrifiants cauchemars, j'avais le sourire aux lèvres, et une étrange impression de bien-être. Je savais ce que j'allais faire, et, surtout, ce que je voulais faire.
Je m'étirais avant de me redresser, examinant le visage endormi de Will, endormi sur la paille. J'étais désolée de lui faire faux-bon d'une telle manière, mais... je ne l'aimais pas.

Je n'aspirais qu'à deux puissants yeux, magnifiques, indescriptibles. A la pensée de ce regard flamboyant, ma poitrine se souleva en un long souffle heureux.

Alors c'était ça, aimer...

Je chassais les derniers brins de paille de ma chevelure, et remis ma robe, l'ajustant à ma taille.
Je jetais un dernier regard à Will, avant de courir rejoindre celui que j'aimais...

<< Than? Je...Il faut que je parle quelques secondes avec quelqu'un, soupirais-je en m'approchant des écuries. >>

J'ouvris doucement la porte, et vis des encore les traces de nos deux corps dans la paille. L'odeur de cheval et de cuir était forte, et je cherchais Will du regard.

<< Will...? minaudais-je. >>

Un grognement me parvint, et je traversais les box jusqu'à rejoindre le jeune homme. Il était en train de panser une belle jument blanche, les yeux fixant le vide. Je m'approchais et posais une main sur son épaule, mais il se dégagea bien vite.

<< Je suis vraiment désolée, Will...murmurais-je d'une voix douce.
-Tu aurais pu au moins me le dire ce matin, lâcha-t-il après un soupire.
-Je sais... >>

Mais ce matin, j'étais bien trop obsédée par Ahàron, et je ne voulais que le voir.

<< Amis? Souris-je faiblement. >>

Will poussa un grognement énervé, puis tourna sa tête vers moi, après avoir jeté sa brosse dans le fond du box.

<< Comment te dire non quand tu fais ses yeux-là, hein? Marmonna-t-il. Tu veux quel cheval? >>

Je souris, contente qu'il me pardonne aussi vite.

<< Mars, ça va? >>