Le Cimetière

Il était temps de mettre un terme sur le passé. Il était temps de délaisser la haine et la rage enfouie. Maintenant avec Ahàron, ma vie était presque parfaite. Il fallait juste dire au revoir à ma douleur vécue. Car j'étais heureuse, maintenant. Autant que je le pouvais être, sachant que l'être que je détestais le plus était encore en vie. Mais ce n'était pas fini, non. J'étudierais la magie, je m'entraînerais. Jusqu'à pouvoir le tuer. Si j'étais heureuse et amoureuse, mon âme restait noire, comme elle l'avait toujours été.
Mais je voyais plus clair. Ce n'était plus une flot de brume qui régnait dans ma tête. C'était un bonheur exquis, et une colère froide et dure. Comme deux étagères bien distinctes.
D'un côté, j'avais Ahàron. De l'autre, j'avais ma propre vengeance. Exquise vengeance à laquelle j'aspirais tant.
Si j'avais eu un ordre des choses à faire, la première était de pardonner les morts. Nup ne méritait pas d'être encore haït. Je devais abandonner la rancœur que je tenais en moi. On ne pouvait en vouloir aux fantômes du passé, c'était malsain.
Deux jours après son suicide, Mme Crèzir avait prit en charge le deuil, mais il n'y avait pas eu de cérémonie. Au fond du cimetière, il avait juste une banale pierre tombale à son nom. Mais ça ne voulait rien dire. Than l'aimait, c'était tout ce qui comptait.
Un léger vent soufflait sur mes cheveux noirs, et je fus heureuse d'avoir dit à Ahàron de me laisser seule. C'était mieux ainsi. Les mains dans mon manteau, j'affrontais mes souvenirs sans rechigner. Et ce fut d'un pas décidé que je m'approchais de la pierre tombale de Nup. Grise, légèrement ombrée de teintes noires, elle affichait simplement: "Nup Othello - Élève de l'Académie Elsbère".
Je m'accroupis et posais ma main sur la surface de marbre, délaissant ma rancœur. C'était bien, de ne plus lui en vouloir. Si bien, si paisible. Je ne pouvais vivre avec un cœur si emplit de haine. Non, je ne le pouvais pas. J'avais comme le sentiment d'avoir mûrit, depuis les récents épisodes du bal de Noël.
Jamais de ma vie je ne m'étais sentie aussi paisible et sereine. J'avais, dans ma vie, tout ce qui comptait: Ahàron, Than, et des amies exceptionnelles.
Une fois Fetrus tué, alors, enfin, Ô enfin, rage tempétueuse ne serait que lointain souvenir.
Il me fallait m'entrainer dès maintenant.